Un an après le relogement de quatre-vingts résidents du foyer Bara, au sein résidence sociale de la rue Étienne-Marcel, nous posons la première pierre de la nouvelle résidence sociale succédant au foyer Bara.
Un desserrement nécessaire.
Construit en 1968 pour accueillir les travailleurs migrants, le numéro 18 de la rue Bara était devenu le « foyer Bara ». Derrière ce nom, derrière les murs, ce sont des hommes, ce sont nos concitoyens. C’est toute une vie, ce sont des marchés, des étals de fruits, de légumes, une cuisine collective, une mosquée, des coiffeurs. Une vie plongée au cœur du tissu de notre ville, une vie profondément mêlée à celle du quartier. Ce sont des communautés villageoises. Portes des migrations maliennes, c’est l’histoire de milliers de parcours faisant de Montreuil une Babylone de France. Carrefour de cultures et de nations, à Bara des hommes passent, se croisent et se lient. C’est toute une humanité qui trouve en ces lieux un refuge, des liens, solidarité, amitié et fraternité. La solidarité de ceux qui se battent pour vivre. La solidarité ouvrière car Bara, c’est aussi de la politique. Ici des centaines d’hommes, s’en vont tôt le matin, à l’aube, quand le pays dort encore pour travailler sur les chantiers, dans le métro ou ailleurs ; des hommes qui discutent et agissent conscients de leurs conditions. Bara, c’est une vie qui s’organise, une vie autonome et responsable, digne et fier.
Peu à peu sur-occupé, associé au retrait progressif des aides publiques de l’État, le foyer Bara ne répondait plus aux exigences d’un habitat digne. Faute d’entretien et de rénovation, les parties communes ainsi que les chambres se dégradaient, mobilisant, à juste titre, les résidents qui s’organisèrent et protestèrent.
Ils ont été entendus et soutenus par la Ville de Montreuil.
En 2013, nous décidons, en concertation avec l’Etat, la Ville, les résidents, le gestionnaire et le propriétaire des lieux d’opter pour le desserement, c’est-à-dire la démolition-reconstruction du foyer. A l’issue, le projet prévoit de reloger les résidents de démolir le foyer puis de reconstruire cinq résidences sociales afin de reloger l’ensemble des travailleurs.
Cinq ans après la municipalité prend ses responsabilités.
Cinq ans après la signature du protocole rien ne se passe. Au nom de la dignité humaine et de la sécurité, le foyer Bara est classé comme logement inhabitable. Élu maire depuis peu de temps, je décide de prendre une mesure inédite en droit français en prenant un arrêté d’extrême urgence qui aboutit à la réquisition d’une propriété de l’État pour reloger 200 résidents. Une bataille judiciaire s’engage ; l’arrêté d’urgence est confirmé. Le foyer Bara restera fermé ! Une solution de relogement pour l’ensemble des travailleurs est trouvée.
Nous avons le plaisir d’annoncer aujourd’hui la construction de la nouvelle résidence sociale.
160 logements autonomes.
Ce combat pour l’humanité et l’habitat digne, porté par les résidents eux-mêmes, les riverains et la municipalité, est un exemple de solidarité puissant qui se dénoue aujourd’hui.
Ce lundi 11 octobre débute la construction de la résidence sociale Bara qui comptera 160 logements. La résidence accueillera un local commercial de 40m2, une laverie, un atelier/local vélo et une salle polyvalente.
Enfin, la nouvelle résidence sociale bénéficiera de certifications environnementales exigeantes : du Label Energie Carbone E3C1, du Label Biodivercity et du Label NF Habitat HQE. La chaufferie collective au gaz fonctionnera aussi avec des panneaux solaires installés en toiture.
C’était une volonté forte d’agir pour le foyer Bara et nous nous sommes pleinement mobilisés pour réaliser ce projet qui fait notre fierté.
L’habitat digne est un combat que nous menons quotidiennement. Le foyer Bara en est l’illustration.
