Sur ce parvis, mille ans d’histoire nous regardent. Mille ans, que l’Eglise Saint-Pierre Saint-Paul se dresse, immuable, au cœur de Montreuil. Elle en est un des symboles éternels ; symbole de la permanence de notre communauté humaine. Car c’est à cet endroit, sous nos pieds, que notre ville vient planter ses premières racines.
Tout part d’ici.
Au Xème siècle de notre ère, un doyen de l’Église de Paris aurait fait construire ici un petit oratoire, rien de plus qu’une simple chapelle, prénommé Monasteriolum, que l’on peut traduire en français par Montreuil ou encore Montereau. Autour de ce lieu de culte, l’un des seuls de l’Est parisien, de ce qui n’est encore que le domaine des rois capétiens, des paysans cultivant la vigne viennent s’installer.
Blanche de Castille, et son fils Louis IX, dit Saint Louis, viennent se recueillir à Montreuil quand ils passent à Vincennes. Charles V, le roi de la guerre de cent ans, se fera baptiser ici à sa naissance.
Le village croît et se développe.
Quelques siècles plus tard, en 2021, l’Église Saint-Pierre Saint-Paul, témoin silencieux du passé, se dresse toujours au cœur de notre ville. Le badaud de la rue Franklin, passant ici, par hasard mais curieux, sera certainement saisi par l’envie insatiable de connaître et de savoir. Il poussera alors les lourdes portes de l’Église. Et il verra.
Il verra les grands vitraux qui racontent la vie de Jésus, celle de Saint-Louis, mais qui plus profondément peut-être, propose un chemin spirituel, depuis l’initiation représentée par le baptême jusqu’à la sagesse, incarné par le vieux roi rendant la justice sous un grand chêne.
Il sera peut-être surpris de découvrir des esthétiques du Moyen-Âge, de la Renaissance ou du XIXème siècle qui se mélangent, vestiges des extensions et des reconstructions qui se sont succédées siècle après siècle.
Grande histoire et petits récits se mêlant, son œil acéré, observera les colonnes entourant la nef et le chœur, et s’arrêtera sur les dessins des feuilles de nénuphar, ciselé par la délicatesse des tailleurs de pierre, rappelant imperceptiblement qu’une source d’eau a peut-être coulé sous nos pieds.
Il s’interrogera sur les cloches de l’Église qui datent de 1603 et de 1123, les deux dernières cloches pré-révolutionnaires de toute l’Île-de-France.
Conter leur odyssée depuis la Belgique et Bordeaux, là où elles furent toutes deux forgées, mériterait un discours tout entier. D’innombrables autres histoires pourraient être dites.
Mille ans d’histoire se sont écoulés sur les pierres de cette Église.
Mille ans durant lesquels, les hommes ont exprimé sur cet édifice leur sens de la beauté et de la foi ; sculpté la pierre, posé la chaux, monté la charpente, peint et exercé leurs arts. L’écho de civilisations entières se font entendre entre ces murs.
Dans notre monde où chaque jour des masses d’informations et de données sont produites et partagées sans discernement, où les idées les plus dangereuses s’expriment librement, où chaque jour des techniques et des technologies se développent, le grand enjeu culturel de notre temps n’est pas l’accès à ces données mais à leur compréhension, à leur inscription dans un horizon de sens.
Il nous appartient d’ouvrir avec acharnement les voies par lesquelles pourront passer de génération en génération, de peuple à peuple, les grandes structures historiques de la connaissance et de la pensée, de la vérité et de la beauté.
Des Montreuillois admirables – parmi nous aujourd’hui – ont endossé avec ferveur cette tâche en agissant pour la sauvegarde de Saint-Pierre Saint-Paul. Je pense évidemment à René et Renée Richard, les fondateurs de l’Association Sauvegardons Saint-Pierre Saint-Paul.
Voilà quelques décennies qu’ils ont décidé de se lancer dans la quête pour la sauvegarde de notre église. Ils ont mené un travail foisonnant d’une grande qualité, qui a demandé beaucoup de temps, d’énergie et de patience. Ils ont traversé la France, ils ont plongés avec ferveur dans les archives et les vieux registres pour vérifier certaines de leurs hypothèses, découvrir des preuves et pouvoir dire l’histoire de ce lieu emblématique de notre ville. Ils ont mené cette quête avec la détermination des passionnés et de ceux qui agissent pour le bien commun.
Au nom de la Ville de Montreuil, merci pour leur travail et leurs dons à notre communauté.
Si nous devons assumer notre responsabilité comme commune dans ces travaux depuis la loi de 1905, c’est d’abord pour permettre à chacune et à chacun de se réapproprier l’histoire de Montreuil et au-delà, que nous agissons. C’est pourquoi, nous avons décidé d’investir 4 millions d’euros dans la restauration de l’Église Saint-Pierre Saint-Paul avec l’appui de la DRAC qui finance ces travaux à hauteur de 40% et de la Région Île-de-France, à hauteur de 20%. Merci à ces deux institutions. Nous lancerons prochainement un appel public aux dons pour venir compléter les financements de ces travaux.
Je veux aussi adresser ma profonde reconnaissance aux services de la ville qui sont sincèrement engagés dans ce projet avec Dominique ATTIA, mon adjointe chargée des bâtiments, à monsieur Thomas Gaudig, l’architecte qui accompagne cette restauration aussi avec passion et fidélité.
En tant que ville, notre volonté est de restaurer et de faire connaître.
D’ouvrir en grand ce patrimoine. De permettre à tous les enfants de Montreuil, à tous les jeunes, à les tous Montreuillois, toutes les Montreuilloises d’accéder à cette histoire millénaire et pourtant vivante, palpable, toujours là, grâce aux volontés qui l’animent.
Nous nous retrouverons en 2025 pour fêter la fin de ces travaux. Citoyens, citoyennes, je vous invite à venir ici pour épancher votre curiosité du monde.
